En décembre 2015, j’ai eu l’occasion de vous raconter l’incroyable histoire de l’arrivée dans les Vosges de 436 chiens de traîneau esquimaux ramenés en secret d’Amérique du nord pour aider les soldats français de la Première Guerre Mondiale (les poilus) à surmonter les difficultés logistiques liées à l’hiver dans les Vosges. Depuis, j’ai continué à chercher des témoignages de cette aventure hors du commun… Voici la suite.

Nom de code  » Poilus d’Alaska  » …

Rappelons-nous pourquoi cette opération a été montée… L’hiver 1914 a été très rigoureux et l’abondance de la neige a rendu impraticables les chemins pour le ravitaillement, par transport automobile ou hippomobile, des troupes en vivres, cartouches, obus, vêtements chauds ainsi que pour l’évacuation des blessés.
Cliquez sur les images pour afficher la visionneuse en grand format.

Au début 1915, la Première Guerre mondiale fait toujours rage en Europe. Les obus, les balles mais aussi le froid, la neige et les privations fauchent les soldats par milliers. Après un hiver 1914-15 effroyable, sans moyens logistiques pour approvisionner le front des Vosges, l’armée française a cherché en vain un moyen pour ne plus rencontrer les mêmes difficultés pour l’hiver suivant. Deux officiers français, le capitaine Moufflet et le lieutenant Haas avaient vécu en Alaska avant la guerre et connaissaient parfaitement les services que pouvaient rendre les attelages de chiens de traineaux. C’est l’idée qu’ils ont soumis à leur commandement dès le début de la guerre mais elle avait été refusée en 1914.

Finalement, après avoir subi les affres de l’hiver 1914/1915 et beaucoup d’hésitations, en août 1915, une mission secrète est montée afin de ramener en France plus de quatre cents chiens de traîneau avec l’équipement nécessaire à la constitution de plusieurs équipages. S’en suit une incroyable épopée à travers les Etats-Unis et le Canada pour aboutir en Europe.

Voici le documentaire d’Arte qui retrace cette épopée. Une heure et 20 minutes palpitantes !

Durant la guerre et même plus tard, les informations sur ceux qui composèrent les deux Sections d’Équipages de Chiens d’Alaska (SECA) étaient tenues secrètes. Les investigations dans les archives furent donc difficiles. Ce n’est qu’après de longs mois de recherches et la découverte des descendants des protagonistes en France comme en Amérique que cette aventure exceptionnelle commença à prendre forme. Pour en savoir plus, lisez aussi mon premier article sur la commémoration du centenaire de l’arrivée des 436 chiens de traîneau en Alsace, le 15 décembre 1915.

La vie quotidienne des chiens de traîneau d’Alaska sur le front des Vosges, de 1915 à 1918

1917 - Hautes-Vosges (68) Chiens de l'Alaska
1917 – Hautes-Vosges (68)
Chiens de l’Alaska

Après vous avoir raconté les exploits du capitaine Moufflet et du lieutenant Haas dans la recherche des chiens en Alaska et au Canada, il était important de vous parler de la vie et des missions accomplies par les attelages de chiens et leurs conducteurs.

Début décembre 1915, entre 60 et 80 soldats, chasseurs alpins ou soldats issus du Train des équipages, s’étaient rendus au Havre pour accueillir les chiens, suivre les entraînements avec les attelages et former les premières Sections d’équipage de chiens d’Alaska. En arrivant sur le front des Vosges le 15 décembre 1915, les chiens et leurs nouveaux maîtres sont répartis en 2 sections :

– la première section, sous le commandement du lieutenant Haas s’installent à la ferme du Tanet (aujourd’hui disparue), près de la Route des Crêtes et du sommet du Tanet.
– la seconde section, sous le commandement du lieutenant Hérodier, s’établit à la ferme du Hahnenbrunnen, à proximité du Camp Boussat, non loin du Markstein (Breitfirst).

1917 - Hautes-Vosges (68) Chiens de l'Alaska et traineau
1917 – Hautes-Vosges (68)
Chiens de l’Alaska et traineau – Soixante équipages, formés chacun d’un traîneau et de sept à neuf chiens, passent plusieurs semaines à s’entraîner.

Il était donc important de vous montrer des images des conducteurs d’attelage et des vrais chiens qui ont vécu cette incroyable histoire… Ces photos d’une valeur humaine et documentaire inestimables m’ont été aimablement transmises par M. Olivier Le Roy. Qu’il en soit ici remercié. Elles proviennent d’archives familiales. Son arrière grand-père, Léon Stamm, passe sa jeunesse entre son village natal de Wesserling, Colmar et Strasbourg. En 1869, il sort diplômé de Polytechnique et camarade de promotion du futur Maréchal Joffre. Il s’occupe activement de l’accueil des troupes françaises à Wesserling (à l’arrière du front des Vosges) durant la première Guerre Mondiale.

Mr Justin-Godard au Breitfirst
02/1916 – Le Breitfirst (68)
Sur le traineau, Mr Justin-Godard, sous-secrétaire d’Etat.

Yvonne Stamm est la fille de Léon. Elle avait 16 ans quand éclate la première Guerre Mondiale.
Avec ses parents et sa soeur Madeleine, elle côtoie les officiers et sous-officiers de l’Etat-Major de la Division installés au château. De 1914 à 1918, leur résidence a accueilli de nombreux officiers et personnalités de passage ainsi qu’en témoigne ce qu’elle écrit presque au jour le jour durant ces quatre années (« Les cinq carnets d’Yvonne » – Jérôme Do Bentzinger Editeur).
Au contact des soldats du Service Photographique de l’Armée elle s’initie à la photographie.
Officiers d’Etat-Major, sous-officiers de l’Escorte et gradés hébergés lui transmettront des clichés pris au hasard de leurs journées pour constituer une collection…
Cliquez sur les images ci-dessous pour les agrandir…

Chaque attelage va charger, en bas des pentes ou des câbles transbordeurs, les matériaux et les vivres amenés des vallées et les transporte en première ligne jusqu’aux boyaux et tranchées, de jour comme de nuit et par tous les temps! Chaque équipe peut ainsi acheminer de trois à quatre cents kilos à chaque voyage (!) à une vitesse moyenne de 8 kilomètres à l’heure. Un attelage peut faire environ 40 kilomètres par jour et, en cas de besoin, jusqu’à 70 kilomètres !

Chiens de l'Alaska
1917 – Hautes-Vosges (68)
Chiens de l’Alaska
En arrière plan, infrastructure du câble du Breitfirst, qui montait marchandises et munitions jusqu’à la route des crêtes à partir de Kruth.

Dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre 1914-1918, l’ECPAD centre d’archives et de production audiovisuelle des armées qui détient toutes les archives (photo et film) militaires françaises a publié sur son site internet quelques très intéressantes séquences filmées de 1915 à 1918. Elles montrent les chiens d’Alaska en action et ont d’une valeur documentaire et historique inestimables.

Vous pourrez visionner quelques uns de ces petits films sur leur site en cliquant sur les liens ci-dessous.

Fermes-Auberges dans la zone desservie par les chiens d’Alaska dans les Vosges…

Auberge du Schantzwasen
Ferme aux rennes, massif du Tanet – 68140 Stosswihr – 0389773011
Ouvert Eté-Hiver, jours de fermeture mardi et mercredi.
Une auberge dans un cadre typiquement montagnard (c’était autrefois un refuge) installée dans la petite station de sports d’hiver du Tanet et qui vous servira de délicieuses spécialités locales. Ouvert tous les jours, midi et soir, avec service en continu de 12H à 20H30 du 4 février au 6 mars (pas de jour de fermeture durant cette période).

De nombreuses activités liées à la montagne vous sont également proposées à l’auberge du Schantzwasen.
En hiver location de raquettes (journée : 8 € ; demi-journée : 5€).
Ferme aux rennes : l’élevage compte de 30 à 40 rennes selon la saison. Vous êtes invités à les découvrir à travers un parcours pédagogique de 800m en forêt où les rennes évoluent autour de vous en totale liberté.

Auberge du Tanet Seestaedtle
Domaine skiable du Tanet, 68140 Soultzeren, France – Téléphone :+33 3 89 77 41 42
Ouvert toute l’année. Horaires, jours de fermeture et congés sur leur site internet.
Située dans la partie la plus alpine du massif vosgien, dans un cadre naturel exceptionnel, dans la station du Tanet et à deux pas du Lac Vert, la marcairie du Seestaedtlé fut longtemps le refuge du ski club.
Dans son écrin de neige, les skieurs venaient s’y réchauffer et partager leurs histoires.
C’est dans cet esprit que l’Auberge a été entièrement rénovée pour accueillir les amoureux de nature et leur proposer une cuisine authentique et savoureuse. 

Où faire une sortie avec des chiens de traîneau ?

« Chemins du Nord » est une société crée en 2008 par Anne-Lise et Frédéric Dubray, spécialisée dans l’organisation et l’encadrement d’activités avec des chiens de traîneaux et des rennes. Fort d’une expérience professionnelle étroitement liée à la nature (Anne-Lise est accompagnatrice en moyen montagne et spéléologue, et Frédéric est élagueur- grimpeur et bûcheron), et de diverses expéditions avec leurs chiens (Suède, Finlande, Suisse et dans le Massif des Vosges) , ils ont décidé de faire découvrir leur passion et de partager avec le public des moments privilégiés avec la nature, les animaux et les coutumes des peuples du nord.
Attention, toutes les activités se font sur réservation uniquement (la demande est forte en hiver, notamment pendant les vacances scolaires).

Les Chemins du Nord – Anne-Lise DUBRAY – « La Petite Finlande » – 290 Schoultzbach – 68 370 Orbey
Tel / Fax : 03 89 71 00 37 – Port : 06 20 06 39 15

Chiens de traineau à elevage Chemins du Nord
Chiens de traineau à Chemins du Nord sur les hauteurs d’Orbey.

Autres liens utiles

Le musée Serret à Saint Amarin près de Thann dispose d’une très intéressante collection consacrée à la première Guerre Mondiale 1914-1918. Tel. 0389382466.

Votre hébergement en Alsace
Pour votre séjour en Alsace, nous vous proposons nos appartements et gîtes d’exception

Les Remparts de Riquewihr, 9 gîtes, du petit studio romantique au grand appartement luxe dans le village historique de Riquewihr, l’un des plus beaux de France – www.remparts-de-riquewihr.com
La Maison des 4 Voyageurs, appartement Le Randonneur à La Vancelle. Avec belle vue sur la montagne et le château du Haut-Koenigsbourg – www.i-love-alsace.com

Tous ces gîtes sont une base idéale pour visiter toute l’Alsace et notamment les sites de la Grande Guerre.

8 commentaires »

  1. Très intéressant, j’ai découvert l’existence de ces chiens de traîneau et leur rôle pendant la première guerre très récemment, en lisant une BD géniale sur le sujet : Les poilus d’Alaska, en 2 volumes, elle est géniale et j’en conseille la lecture à tous !
    Merci pour ce billet hyper complet et instructif !
    Mynouchette

  2. Bonjour
    En faisant des recherches sur ces fameux poilus d’Alaska, je suis tombée sur vos articles.
    Je suis à la recherche de documents et témoignages de mushers (missions, équipages, cantonnement, quotidien…).
    Pourriez-vous me mettre en relation avec une association ou des personnes qui pourraient m’aider ?
    Je vous remercie par avance
    Marie-Hélène Lafond

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