Le lièvre de Pâques arrive en Alsace…
Pâques est la période de l’année où le lièvre connaît son heure de gloire.
A voir, à faire des 2 côtés du Rhin, entre Bâle et Strasbourg.
Pâques est la période de l’année où le lièvre connaît son heure de gloire.
Avez-vous déjà vu ce mammifère rapide, aux longues oreilles et qui ressemble à un gros lapin? Il a de longues pattes de derrière et vit généralement dans les prairies ou les forêts claires. Il fréquente aussi assidûment les vignobles. C’est le lièvre.
Quand nous étions enfants, notre maison était juste à côté de la ferme de nos grands-parents. Il y avait un grand jardin et un verger. Le samedi avant Pâques, nous avions l’habitude de traverser la route pour aller à l’épicerie demander du matériel pour construire nos nids. Nous recherchions surtout une matière précieuse qui ressemble à de la paille ; de longues et fines fibres de bois de bois qui étaient utilisées dans les boîtes d’emballage pour caler les articles et les protéger contre les chocs. Chaque enfant allait ensuite construire ses nids en grand secret, de sorte que personne ne puisse venir voler les œufs et le chocolat que le lièvre de Pâques apporterait. Je me souviens que j’étais toujours inquiet de savoir si le « Oschtahaas » trouverait bien mes nids. N’étaient-ils pas trop bien cachés ?
Quelques années plus tard, ma plus jeune sœur suivait la même tradition avec son cousin. Ils étaient âgés de 7 ou 8 ans à l’époque et prenaient grand soin à faire un maximum de bêtises. Ou bien était-ce juste une imagination débordante? Ils construisaient des nids pour recueillir des friandises, mais disposaient aussi quelques pièges dans le jardin, dans l’espoir de capturer le Lièvre de Pâques!
Le lapin de Pâques ou Lièvre de Pâques est un personnage de la mythologie alsacienne représenté comme un lapin apportant des oeufs de Pâques. Le lapin de Pâques est parfois représenté avec des vêtements. Dans la légende, la créature porte des œufs colorés dans son panier, des bonbons et parfois aussi des jouets au domicile des enfants. En fait, dans la tradition d’origine, ce n’est pas un lapin mais un lièvre.
Il y a près de 20 siècles, en Europe, les Saxons avaient coutume de célébrer la fertilité, en l’honneur de la déesse Eastre, dont l’animal sacré était un lièvre. Le lièvre est souvent associé à des déesses de la lune; l’œuf et la hase (la femelle du lièvre) représentent ensemble le dieu et la déesse, respectivement.
Les fêtes païennes de la fertilité au moment de l’équinoxe de printemps étaient monnaie courante. On croyait qu’à cette période de l’année, les énergies masculines et féminines étaient équilibrées.
L’église chrétienne a trouvé plus facile d’absorber ces pratiques païennes.
Quelque 15 siècles plus tard, à la fin du Moyen Age, le lièvre de Pâques a été mentionné la première fois dans un livre par le professeur Georg Franck de Frankenau en 1682 dans son traité médical sur les œufs de Pâques « De ovis paschalibus ». Il se réfère à une tradition – en Alsace et dans les régions voisines – d’un lièvre de Pâques portant des œufs de Pâques. Dans son livre, il décrit les conséquences néfastes sur la santé d’une consommation excessive de ces œufs 🙂
L’Alsace a toujours été une région de culture germanique avant d’être intégrée à la France il y a environ 3 siècles. Georg Franck a étudié la médecine et l’anatomie à Strasbourg où il a obtenu son doctorat en médecine en 1666.
Bien avant le Moyen-Âge il existait une tradition – en Alsace et dans les régions voisines – d’un lièvre de Pâques qui portait des œufs décorés… L’origine précise de l’ancienne coutume de décorer des œufs n’est pas connue. Bien évidemment l’épanouissement de nombreuses fleurs au printemps coïncide avec l’utilisation du symbole de fertilité des œufs et des œufs bouillis avec des fleurs pour changer leur couleur et apporter le printemps dans les maisons.
Les protestants allemands et alsaciens voulaient conserver la coutume catholique de manger des œufs colorés pour Pâques, mais ne voulaient pas initier leurs enfants au rite catholique du jeûne (les œufs étaient interdits aux catholiques pendant le jeûne du Carême, d’où la raison de l’abondance des œufs à Pâques).
C’est au 18e siècle que la tradition d’un lièvre qui pond des œufs a franchi l’Atlantique pour se répandre en Amérique. Les immigrants alsaciens et allemands s’installaient dans la région néerlandaise de Pennsylvanie et parlaient à leurs enfants du « Osterhase ». « Hase » signifie « lièvre », pas lapin.
En ces premières années du 21ème siècle, la tradition du Osterhaas – le lièvre de Pâques – est toujours très populaire en Alsace. Fleuristes, confiseurs, chocolatiers proposent des lapins et des œufs colorés. Nos villages alsaciens, en particulier Riquewihr, commencent leur première décoration de l’année avec le lièvre de Pâques.