Cigogne, ma belle reine d’Alsace !
Ma fascination pour la cigogne remonte à l’enfance. C’était un oiseau dont on parlait beaucoup dans les livres, les contes et légendes surtout. Par contre, lorsque j’étais petit, il était […]
A voir, à faire des 2 côtés du Rhin, entre Bâle et Strasbourg.
Ma fascination pour la cigogne remonte à l’enfance. C’était un oiseau dont on parlait beaucoup dans les livres, les contes et légendes surtout. Par contre, lorsque j’étais petit, il était […]
Heureusement, des ornithologues et des passionnés, fans de la cigogne, se sont mobilisés pour sauver l’oiseau emblématique de l’Alsace et, pendant ces 50 dernières années ont fait un travail remarquable. La cigogne blanche, ce magnifique échassier blanc, noir et rouge, parure estivale des hautes toitures d’Alsace depuis le Moyen-Âge, est de retour : près de 800 couples nichent à nouveau dans la région !
La Cigogne blanche (Ciconia ciconia), est une grande espèce d’oiseaux échassiers de la famille des Ciconiidés. Son plumage est principalement blanc, avec du noir sur les ailes. Les adultes ont de longues pattes rouges et un bec rouge long et droit, et mesurent en moyenne 100 à 115 cm du bout du bec au bout de la queue, avec une envergure comprise entre 155 et 215 cm.
La Cigogne blanche d’Alsace est une grande voyageuse. Elle hiverne traditionnellement dans les zones tropicales d’Afrique subsaharienne. La cigogne est essentiellement un planeur, ce qui lui permet de couvrir d’énormes distances en utilisant les ascendances des courants d’air chaud. Lors de sa migration entre l’Alsace et l’Afrique, elle évite la traversée de la mer Méditerranée en réalisant un détour à l’ouest par le détroit de Gibraltar car les courants ascendants de l’air dont elle a besoin ne se forment pas au-dessus de l’eau. Ni la nuit. Ce qui l’oblige à se poser toutes les nuits…
La Cigogne blanche a un régime carnivore et consomme un large éventail de proies animales : insectes, mollusques, divers autres invertébrés, poissons, amphibiens, reptiles, petits mammifères et petits oiseaux. Elle trouve la plupart de sa nourriture au sol, parmi la végétation basse, et dans l’eau peu profonde.
La vallée du Rhin et la plaine du Ried, surtout à une époque où le fleuve non canalisé se comportait un peu comme le Nil avec des inondations régulières, est donc idéale pour la Cigogne blanche qui privilégie les prairies herbeuses pour trouver son alimentation, les terres cultivées, souvent aux abords des cours d’eau, ainsi que les marais et les zones inondables.
Les cigognes survolent la planète depuis bien longtemps et avant même que l’homme fasse son apparition. C’est un oiseau préhistorique… On a retrouvé une partie de l’humérus droit fossilisé d’une cigogne sur l’île de Rusinga sur le lac Victoria, au Kenya. Retrouvé dans des couches géologiques datant du Miocène, ce fossile daterait de 24 à 6 millions d’années !
Dans l’Égypte antique, la cigogne était associée au bâ, l’« âme », dont elle était le hiéroglyphe. En hébreu, la cigogne évoque la gentillesse, la miséricorde. L’oiseau est réputé pour être serviable avec les autres membres de son espèce. Les mythologies grecque et romaine dépeignent les cigognes comme des modèles de respect pour leurs parents, qui ne meurent pas de vieillesse mais s’envolent vers les îles et prennent l’apparence d’êtres humains…
Dans les pays germaniques, les cigognes étaient protégées car leurs âmes étaient dites humaines ; la présence d’un nid sur une maison était supposée protéger la demeure des incendies.
« Heureuse la maison choisie par la cigogne pour y faire son nid, car la foudre l’épargnera. » Ainsi, le jour et la nuit de Saint-Jean-Baptiste (24 juin 1007), un orage déchaîna la foudre sur la cathédrale de Strasbourg et occasionna de gros dégâts. L’Encyclopédie Larousse nous raconte : « Cette croyance est si forte en 1007 que les ouvriers qui travaillent à la reconstruction de la cathédrale de Strasbourg, en partie détruite par la foudre, arrêtent leur travail de peur que la foudre ne frappe à nouveau. Ils ne le reprennent que lorsqu’un couple de cigognes vient élire domicile dans les échafaudages… »
Ref http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/cigogne_blanche/184835
Dans toute la vallée du Rhin, jusqu’aux Pays-Bas, on encourageait les cigognes à nicher sur les maisons pour leur porter chance, parfois en construisant des plateformes servant de support. En Europe de l’Est, on pensait que les cigognes nichant sur une maison apportaient l’harmonie à la famille, qu’un village comptant beaucoup de ces oiseaux ferait une bonne moisson, et que l’animal pouvait prédire le temps : une agitation des cigognes était présage de mauvais temps, si l’oiseau se tenait sur une patte il allait faire froid, et s’il claquait du bec la journée serait ensoleillée.
La cigogne en Alsace est présente sur plusieurs documents du Moyen-Âge. Plusieurs références historiques émanent des Annales des Dominicains de Colmar datant de la fin du 13ème siècle. Ce manuscrit est une sorte de journal très concis qui relate en une phrase, un peu sous la forme de mémo, chacun des événements marquants de l’année. A plusieurs reprises on y trouve la date d’arrivée des cigognes au printemps, leur départ ou d’autres événements qui les concernent…
La Cigogne blanche est chargée d’apporter les bébés aux jeunes parents. Ce mythe a probablement une origine très ancienne.
Le folklore germanique rapportait que les cigognes trouvaient les bébés dans les grottes ou les marais et les apportaient aux ménages dans un panier, en les portant sur leur dos ou les tenant dans leur bec. Les grottes étaient alors censées contenir l’adebarsteine ou « pierre de cigogne », mais les oiseaux pouvaient aussi trouver les enfants dans la Kindelsbrunnen ou « fontaine aux enfants » en allemand. Les nouveau-nés étaient directement donnés à la mère ou lâchés dans la cheminée. Les couples désirant un enfant pouvaient le signifier en plaçant des sucreries pour la cigogne sur le rebord de la fenêtre.
Sur les toits alsaciens et les clochers, les immenses nids de cigogne forment à nouveau d’impressionnantes couronnes. Je sais depuis peu seulement (grâce à une visite au « parc des cigognes » de Hunawihr), que le poids d’un tel nid peut parfois atteindre une tonne. Il faut donc que la charpente de la toiture qui l’héberge soit solide !
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Magnifique, Jean-Paul, un conteur né. J’adore les photos et l’oeil du photographe.
Marie-France
Merci Marie-France. La cigogne est un oiseau magnifique et magique, surgi de la nuit des temps et toujours bien présent…
Je publierai prochainement les images de cigogneaux nés ce printemps. Ils sont beaux et attendrissants.